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Jeu de dupes

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9-NiNe-9's avatar
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Tu adores ça, n'est-ce pas? Voir que je n'ai pas évolué, que je n'ai pas bougé d'un centimètre depuis que tu m'as laissé. Voir le pouvoir que tu as sur moi. Voir que je t'attendrai sûrement toute ma vie.

Tu virevoltes dans la pièce, cigarette dans une main, verre d'alcool dans l'autre, souriant à tout le monde.
Tu m'as laissé derrière, je fais partie de ton passé et je suis sûr que tu prends un plaisir malsain à me regarder me noyer.
Tu as un nouveau petit-ami. Du genre grand, blond et génial. Du genre qui rend tes copines jalouses et qui te fait sourire. Du genre magnifique alibi ou superbe accessoire.
Je ne le déteste même pas, il a juste eu du bol, il est juste tombé au bon moment.

Deux ans plus tôt et il n'aurait eu aucune chance. Il n'aurait jamais pu percer le mur d'enceinte que l'on s'était créé. Retranchés derrière notre amour, on était douloureusement heureux. Je l'admets maintenant, ça devenait dangereux. Vraiment dangereux. On se rendait fous, fous l'un de l'autre et fous l'un contre l'autre. Notre relation devenait ingérable, nous étions ingérables.
Au point où j'aurais préféré mourir que de sortir de notre spirale. J'aurais préféré que tu meurs plutôt que tu ne me quittes. Je t'aurais sûrement tuée de mes propres mains.
Et, pendant que je m'enfonçais dans ce délire, tu remontais à la surface. Tu ne voulais plus de nous, des cris, des sentiments trop forts qui ravagent tout, de la dépendance. Tu n'en voulais plus, donc tu es partie.

Et tu m'as laissé.

Et, comme un con, je suis resté là. Trop abasourdi pour bouger, trop choqué pour essayer de comprendre, trop sonné pour te courir après.
Et pendant que je ramassais mes morceaux, tu redevenais une personne normale. Une fille banale. Tu sortais avec tes amis, tu flirtais gentiment, tu reprenais ta vie là où tu l'avais laissée avant moi.
Et moi... Moi je ne me souvenais plus de comment il fallait faire. Avais-je été quelqu'un avant toi? Je ne pense pas.
Je restais tout seul dans notre forteresse, à l'intérieur de nos murs et j'attendais que tu comprennes que la vie à l'extérieur n'en valait pas le coup. J'attendais que tu me reviennes.
Mais ton existence était plus facile sans moi, sans les déferlantes d'émotions et les corps qui s'entrechoquent. Ta nouvelle vie était plus jolie, plus simple, plus douce.
Tu me renvoyais cette image écœurante pendant que je me débattais pour me sortir du marasme dégueulasse dans lequel tu m'avais abandonné.

Et me voilà à cette fête de merde, des millénaires plus tard. Je te traîne toujours comme un condamné son boulet. Je ne vois que toi dans la pièce, toi et ton sourire forcé, toi et tes yeux qui ne brillent plus comme avant. Toi et cette vie factice que tu mènes depuis deux ans juste pour me prouver que j'avais tort.

Juste pour me prouver que je ne te suis pas nécessaire.

Tu as gagné.

J'ai compris, c'est bon, tu peux arrêter maintenant.


Arrête de jouer et reviens-moi.
Jeu de dupes: Jeu dans lequel l'un des joueurs va se faire avoir. La "dupe" n'est pas seulement le perdant du jeu, c'est celui qui ne peut pas gagner dès le départ.

Je suis très productive en ce moment. Comme quoi l'idée que l'inspiration est liée à l'état psychologique n'est pas un mythe: moins ça va plus j'écris.

A la base j'étais partie pour écrire un nouveau texte pour Strangers, mais le texte prévu était un peu trop gai pour moi.
Donc ce texte sort un peu de nulle part, je pense qu'il reflète assez mon humeur du moment. J'ai le sentiment de ne pas avoir exactement réussi à donner l'ambiance désirée. Je voulais quelque chose de plus dur, de plus sombre et de plus magnétique (si ce que je raconte a un sens pour quelqu'un...). Mais je me contenterai de ça pour ce soir.

Et avant que quiconque me demande, il n'y a rien d'autobiographique là-dedans. Je n'écris pas de textes (même partiellement) autobiographiques.

Sur ces mots joyeux, je vous laisse et je vais me camper devant ma boîte à messages en attendant les critiques et les commentaires (et le reste). :)
© 2010 - 2024 9-NiNe-9
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Jacob-K's avatar
Et hop.

Je trouve que tu as bien retranscrit les sentiments et la vision qu'a l'être quitté (ici le mec, en l'occurrence). Cette sensation qu'il manque une partie à soi-même. Ce dégoût de voir que l'autre a su tourner la page quand on n'a soi-même pas encore complètement réalisé que c'est fini. Ce mépris de soi-même, qu'on voit sombrer lentement, spectateur de sa propre déchéance.

Pis j'aime bien la fin, qui laisse plusieurs interprétations possibles.

(et je confirme, on crée mieux quand on est triste/en colère/... )