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Ceux qui vivent

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9-NiNe-9's avatar
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C'est l'été. Les touristes débarquent avec leur cohorte de plaques d'immatriculation sans queue ni tête, leurs parasols et leurs gamins blancs et bruyants. Les vieux du coin restent assis sur leur banc, chapeau vissé sur le crâne, s'épongeant le front de temps à autres. Les jeunes déjà bien bronzés se baladent en petits groupes, riant derrière leurs lunettes de soleil.

J'observe la plage depuis la fenêtre de ma chambre. La maison de vacances est vide, fraîche malgré la chaleur extérieure et sent un peu le renfermé. Personne n'y a mis les pieds depuis des mois, personne n'a vraiment eu le temps de prendre des vacances.
Ce n'était pas non plus mon intention à la base, mais après trois mois à me morfondre au vignoble, déprimant tout le monde, mon frère m'a aimablement foutu dans un train en direction de la côte. Ma mère a crié au scandale, craignant sûrement que je ne profite de ma solitude pour me défenestrer ou quelque chose comme ça, mais a fini par me laisser partir en me rappelant d'appeler tous les soirs. Ou avant de sortir, si je sortais. Sortir, cette bonne blague.
Je n'ai même pas pris la peine de défaire ma valise ou de faire des courses. Je n'arrive pas à croire qu'il y a à peine un an, j'étais dans cette même maison en vacances avec mon frère, et que nous sortions boire le soir, manger dans les petits restaurants du remblais, marcher sur la plage.
Maintenant, sortir m'épuise. La foule, le bruit, les jeunes, les vieux et les touristes, tout ça me rend malade. Vincent dit que je dois me secouer, me reprendre, que je ne suis pas mort moi. Ce n'est pas faux. Mais comment faire? La vie me rend malade. Les gens me donnent la nausée.

"Driiiiiing"

Je sursaute au son strident du carillon de la porte d'entrée. Je n'ai rien commandé, personne ne sait que je suis là... Du porte à porte? Des témoins de Jéhovah? Je me traîne jusqu'à l'entrée et jette un coup d'œil à travers le judas de la porte.
De l'autre côté du panneau de bois, Anne-Sophie et Matthieu, mes cousins, piétinent. Pour le principe, Anne-So réappuit un grand coup sur la sonnette, me vrillant les tympans. Ma mère a dû les prévenir que j'étais arrivé. Ou Vincent.
"Rémy, c'est Matthieu, ouvre!" râle mon cousin.

J'ignore leurs appels et retourne dans ma chambre. Ils finiront bien par se lasser. Tout le monde finit par en avoir assez de mon silence et par abandonner l'idée de me sortir de ma léthargie. Personne n'a l'air de comprendre que j'ai envie d'être seul, pas envie de leur compassion, de leur gentillesse ou de leur pitié. Je veux juste qu'on me laisse seul avec mes fantômes.
Après dix minutes passées à sonner et brailler, mes cousins finissent par partir. J'envoie aussitôt un texto à ma mère histoire qu'elle n'appelle pas la police ou le SAMU.
"Je vais bien, pas la peine d'envoyer toute la famille sonner à la porte."

J'espère que ça sera assez clair. Je balance le téléphone portable sur la valise ouverte.

Le soleil se couche lentement au bout de la jetée, et je m'assieds sur le lit pour observer ceux qui vivent. Les touristes qui se dirigent vers les restaurants, les vieux qui rentrent regarder les informations et les jeunes qui préparent un pique-nique sur la plage.

J'en ai marre qu'on me pousse à être comme eux. Je reviendrai à la vie quand j'en aurais envie.
Quand je n'aurais plus le choix.
Quand je le pourrais...
Sur les bons conseils de mon ami ~Silverwolf4000 je poste ce texte précédemment publié sur mon blog.

Le narrateur s'appelle Rémy (mon personnage le plus joyeux comme vous pouvez le voir) et le texte se place à la suite de Ne doute jamais de mon amour >[link]< et de Carve your name into my arm >[link]<.

:heart:
© 2010 - 2024 9-NiNe-9
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Maiyanne's avatar
Le lien de "ne doute jamais de mon amour" n'est pas correct, mais pas grave, je l'ai trouvé sur ton blog. J'adore ces deux textes. J'ai hâte de lire la suite, si suite il y a ...